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[LE DERNIER MOT · L’art de l’éloge funèbre]

[LE DERNIER MOT · L’art de l’éloge funèbre] 2000 847 Fédération francophone de débat

[LE DERNIER MOT · L'art de l'éloge funèbre]


“Les morts cachés sont bien dans cette terre ; 
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même… 
Tête complète et parfait diadème, 
Je suis en toi le secret changement.


Paul Valéry, Le cimetière marin (1920)

   La mort n’est plus ce qu’elle était. Dans des temps qui nous semblent reculés, elle faisait pourtant partie intégrante de la vie. Loin de se limiter à une terre inconnue, elle était un rituel : elle avait ses rythmes, ses chants, ses habits. On veillait le défunt chez soi ; le cimetière gisait au cœur de la ville et non à sa périphérie ; on écrivait son courrier à l’encre noire ou violette. Bref, on apprivoisait ce moment aussi redouté que certain, pour se l’approprier, pour survivre.

Aujourd’hui, la mort n’est même plus un tabou. Elle a disparu, remplacée par l’agonie et le cortège des légitimes craintes qui l’entourent. Plus qu’honteuse, elle devient absurde, inadéquate, intempestive : comment se fait-il que la science n’ait toujours pas réglé ce problème technique ? Alors le contemporain se trouve plus seul que jamais face à ce mystère qui se révèle trop tard pour lui. Il se contentera de répondre gêné aux SMS tout aussi embarrassés qu’on lui enverra, personne n’osant lui dire que le chagrin est légitime, mais qu’il alimente un puits sans fond. Les plus hardis lui conseilleront d’aller voir quelqu’un, car tu sais Florent, le deuil c’est une étape dans la vie, il faut que tu sois résilient.

De l’autre côté de l’époque, celles et ceux qui ont eu l’occasion de vivre des deuils très ritualisés ont saisi à quel point les funérailles étaient un instant de vie, et, parfois, de joie : on pleure d’abord (certaines tantes embrassant alors la carrière presqu’officielle de “pleureuse”), on se restaure, on cause. On parle du mort puis on prend des nouvelles des vivants. Au fond, les existences reprennent le cours qu’un accident pourtant prévisible a perturbé. Et les jours qui suivent en sont différents, parce qu’on a accompli les gestes qu’il fallait, et, surtout, parce qu’on a parlé, exorcisant ainsi le malheur qui prétendait tenir demeure en nous.

Si, à nos yeux contemporains, la mort est le lieu du silence et de l’absence, qu’y peut l’orateur ? Rien si l’on ne comprend pas que sa parole est avant tout force de vie. Une certaine sagesse estime que la mort ne commence qu’avec l’oubli. Dès lors, parler d’un mort, évoquer sa vie, les souvenirs que l’on garde de sa fréquentation terrestre, constituent autant de moyens de lutter contre l’amnésie et de continuer à faire vivre en nous la personne disparue, c’est-à-dire de la rendre immortelle et, partant, de tuer la mort.


   La rhétorique fut l’un des supports privilégiés de cette entreprise démiurgique. Un sous-genre y est dédié : l’oraison funèbre. Il s’agit de l’un des types de discours qu’Aristote appelle “démonstratif”. Relevant de l’éloge, il revêt aussi une dimension sacrée. N’oublions pas qu’orare signifie “prier” en latin. L’orateur est toujours un peu le ministre d’un culte (quand ce dernier n’est pas voué à lui-même). Dès lors, ce type de discours tend vers un équilibre entre la louange et le sermon. Il s’agit certes de décrire les origines, le parcours et les vertus d’un individu ou d’un groupe, mais aussi d’en faire un modèle d’édification pour le public. Une vivante leçon. Cette tension est particulièrement perceptible en contexte chrétien, à l’image de cette France du XVIIe siècle qui nous a laissé les éloquents discours de Bossuet.

Le genre est cependant tombé en désuétude à partir du XIXe siècle. Comme la mort, il s’est absenté de nos vies. Tâchons donc d’y revenir le temps de quelques articles, non seulement pour recouvrer un riche patrimoine de l’art oratoire, mais aussi pour retrouver le sens de la parole que l’on adresse pour signifier la résistance des forces de la vie contre celles de la mort. Parcourons ces chemins éclairés par le verbe qui abolit le temps et l’espace et, peut-être que sur la route, nous y trouverons des ressources pour nous préparer à affronter l’ultime épreuve dont nul ne sait ni le jour, ni l’heure.

Une série signée Samy FELLAH 
Secrétaire Général de la Fédération Francophone de Débat 
Doctorant en Histoire du Droit

[Toussaint Louverture, l’Outrenoir]

[Toussaint Louverture, l’Outrenoir] 750 676 Fédération francophone de débat

[Toussaint Louverture, l’Outrenoir]


« Qui ne hait que l’impie et les persécuteurs, 
Et soutient de son bras les bras libérateurs.
Levant les mains vers lui pendant la sainte lutte,
Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute !

Sans aimer, sans haïr les drapeaux différents,
Partout où l’homme souffre, il me voit dans ses rangs.
Plus une race humaine est vaincue et flétrie,
Plus elle m’est sacrée et devient ma patrie. »


Toussaint Louverture [1850], acte II, scène 4

C’est par cette tirade que, dans sa pièce dramatique, Alphonse de Lamartine peint les combats du « spartacus noir ». Le poète-député qui s’apprête alors à voter la seconde abolition de l’esclavage, en même temps qu’il vit l’histoire, fixe la légende.

Dans une Révolution qui, jusqu’au gouvernement révolutionnaire, a souvent silencié la question coloniale, c’est du côté d’ #Haïti que sourd la revendication d’une égale dignité humaine. La révolte qui naît dans ce pays de Saint-Domingue aux cinq cent mille esclaves se dote d’un chef, Toussaint Louverture.

 
Libérateur d’esclaves ? Politicien cynique et avide de pouvoir ? C’est en raison de l’ambivalence du personnage que se tiendra son procès posthume, celui qu’on lui refusa et qui sera présenté par la FFD – Fédération Francophone de Débat, le 5 octobre prochain, dans le cadre des Rencontres internationales d’éloquence et de débat francophone. Cette instance exceptionnelle sera l’occasion de proposer au public l’examen d’un cas qui ne cesse de faire alterner l’ombre et la lumière.

La lumière ? Celle qui éclaira le monde d’un jour nouveau, portée par un affranchi né dans les fers. L’ombre ? Celle d’un homme qui tarda à soutenir les révoltes d’esclaves, en posséda même, attendant pour se rebeller de se voir refuser l’égalité des droits entre Blancs et hommes libres de couleur.


La lumière ? Ce chef qui unifia l’armée de Saint-Domingue pour arracher l’indépendance d’Haïti qu’il ne verra que depuis sa tombe. L’ombre ? Cet habile manœuvrier qui noua et dénoua les alliances pour parvenir à ses fins, laissa dans leur condition miséreuse les anciens esclaves et promulgua une constitution faite pour lui octroyer tous les pouvoirs.

La lumière ? Cet homme qui combattit vaillamment l’armée française de Bonaparte voulant rétablir l’esclavage. L’ombre ? Cet homme qui capitula, fut déporté et mourut seul dans sa cellule, humilié par ses geôliers et sans jamais avoir pu se défendre.


Il s’agit maintenant de retrouver l’homme dans ce clair-obscur, cet homme peut-être aussi grand que son ombre, celui qui accomplit ce qu’Aimé Césaire qualifia de « piteuse merveille […] lancer un mouvement révolutionnaire à contresens de l’histoire. »

 

 

Procès de Toussaint Louverture

samedi 5 octobre 2024 à 15h30
Sorbonne – Amphithéâtre Oury
1, rue Victor Cousin, Paris 5e

Inscription : https://www.helloasso.com/associations/federation-francophone-de-debat/evenements/proces-de-toussaint-louverture

PROCÈS DE TALLEYRAND

PROCÈS DE TALLEYRAND 2048 1365 Fédération francophone de débat

Citoyennes, Citoyens,

 

Le 18 Mars 2016, ce sont deux siècles que vous avez remontés à nos côtés afin de donner vie à un procès que l’Histoire elle-même s’est refusée à faire naître : le Procès de Charles-Maurice de Talleyrand.

Arguments talochés, souvent renvoyés et parfois parés ; c’est par une escrime du verbe que trois équipes d’étudiants, aiguillées chacune par un avocat professionnel, ont eu à coeur de rechercher le jugement le plus juste pour un personnage complexe.

C’est sous l’oeil averti d’un jury à la mesure de l’enjeu que ce funambule de la politique, figure du “Dictionnaire des Girouettes” et artificier du mot d’esprit, obtint une audience attendue ; il n’en fut ainsi que mieux acquitté !

Nous tenions à remercier les talentueux débatteurs, les avocats en verve, le jury de renom, le Ministère des Affaires Etrangères et sa formidable équipe, le public révolté, et tous ceux qui ont contribué à rendre cet évènement mémorable !

 

 

Contexte

18 mars 1816.

La France se réveille du désastre Waterloo et le fauteuil du pouvoir accueille le roi Louis XVIII, son énième vacataire en 29 années de fièvre révolutionnaire.

Décidément, les temps récents n’ont connu de constant que l’inconstance elle-même, le pas des tambours, et par-dessus tout, le plus formidable funambule qu’ait porté la Révolution : Charles-Maurice de Talleyrand Périgord.

Personnage haut en couleurs, prêtre défroqué et figure de proue du Dictionnaire des Girouettes, Talleyrand est homme à controverse !

Royaliste, il rejoint les prétentions du Tiers-Etat et préside l’Assemblée nationale. Trahison !
Ecclésiastique, il obtient la confiscation des biens du clergé par leur nationalisation. Trahison !
Révolutionnaire, il approuve et sert l’empire par sa charge de Ministre des Relations Extérieures. Trahison !

Souffrant d’un pied bot, Talleyrand, le Diable Boiteux est Prince des Ambassadeurs, un Empereur des Diplomates d’hier et d’aujourd’hui.

Et c’est un 18 mars 1816 que cet artiste de la diplomatie aurait pu être poursuivi pour sa loyauté à la définition si singulière. Il n’en a rien été.

Alors le vendredi 18 Mars 2016, sous les dorures du Quai d’Orsay, replongeons-nous deux siècles en arrière. En présence d’invités exceptionnels, et aux côtés d’avocats professionnels de renom les orateurs les plus en verve du Championnat du Monde de Débat Francophone incarneront les nombreux et prestigieux protagonistes de la vie de l’évêque d’Autun, tels que Napoléon Bonaparte, Louis XVI, Germaine de Staël ou encore le Pape Pie VII.

Le 18 mars : entendons de l’affaire de Charles-Maurice de Talleyrand !

Le jury nous ayant fait l’honneur d’entendre l’affaire :

 Emmanuel de Waresquiel 
Historien spécialiste de la période révolutionnaire et biographe du diable boiteux, auteur de “Talleyrand, le Prince Immobile” et “Fouché, les Silences de la Pieuvre”

Clémentine Portier-Kaltenbach 
Historienne et journaliste, auteure de “Les Grands Zhéros de l’Histore de France” et “Embrouilles familiales de l’histoire de France”

Charles Consigny
Avocat, écrivain et chroniqueur sur RMC, auteur de “l’Âge Tendre”

François Gibault 
Avocat et écrivain,
auteur de “Libera Me”

Les personnages convoqués au procès :

[TEMOINS AU PROCES]

Napoléon Bonaparte
Le 18 Mars 2016 dans les salons du Ministère des Affaires Etrangères au Quai d’Orsay, l’Empereur déchu sera présent au Procès de Talleyrand et entendu comme témoin dans l’affaire.
Celui qui insulta son ministre en le qualifiant de “merde dans un bas de soie” viendra éclairer la Cour sur les relations houleuses et passionnées qu’ils entretenaient.
Louis XVI
Le 18 Mars 2016 dans les salons du Ministère des Affaires Etrangères au Quai d’Orsay, Louis XVI, la tête sur les épaules, sera présent au Procès de Talleyrand et entendu comme témoin dans l’affaire.
Celui qui espérait calmer les moeurs du jeune prêtre boiteux en lui confiant l’évéché d’Autun viendra nous confier son éloquent témoignage sur Talleyrand.
 “On me force à entrer dans les ordres. On s’en repentira, nom de Dieu !”
Robespierre
Le 18 Mars 2016 dans les salons du Ministère des Affaires Etrangères au Quai d’Orsay, Robespierre, sera présent au Procès de Talleyrand et entendu comme témoin dans l’affaire.
Celui que l’on surnommait l’incorruptible nous offrira son sentiment sur les moeurs et motivations du Ministre amateur de “douceurs diplomatiques”.
Joseph Fouché
Le 18 Mars 2016 dans les salons du Ministère des Affaires Etrangères au Quai d’Orsay, Joseph Fouché, ministre de la Police de Napoléon Ier, sera présent au Procès de Talleyrand et entendu comme témoin dans l’affaire.
Certains narraient leur habileté politique commune, d’autres la qualifiaient de fourberie. Ainsi, M. Fouché viendra nous éclairer sur les convergences et les divergences qu’il partageait avec son compère boiteux.

Les avocats nous ayant fait l’honneur de plaider l’affaire :

Me. Alexandre Duval-Stalla
Auteur de “François-René de Chateaubriand – Napoléon Bonaparte : une histoire, deux gloires. Biographie croisée”

Me. Laure Heinich
Auteure de “Porter Leurs Voix”

Me. Vincent Ollivier
Ancien secrétaire de la Conférence

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